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Esprit-Saint, guérison et contrefaçon.

Extrait de l'enseignement donné lors de la Soirée Raphaël de Janvier 2020.

 

Alors que les deux Apôtres Pierre et Philippe viennent de Jérusalem afin de conférer l’Esprit-Saint aux chrétiens de Samarie (v. 14 à 17), Simon tente d’acheter le pouvoir de donner l’Esprit-Saint – et nous le savons probablement, la magie rime avec goût de l’argent (Ac 19, 19). Mais Simon se fait rejeter par Pierre (v. 18 à 24).

 

1 – La confrontation.

 

Cet épisode est un exemple de confrontation au syncrétisme religieux et de la confrontation entre miracle et magie (avec son aspect de corruption par l’argent).

 

La question se pose donc quant à la distinction entre charisme selon l’Évangile et manipulation du sacré.

 

2 – Voyons d’abord qui sont Philippe et Simon. Philippe est « l’évangéliste » de la Samarie. Il travaille pour Jésus et le Règne de Dieu, pour le salut des Samaritains.

 

Simon est un mage au « moi » hypertrophié, auquel la foule accorde des attributs divins. Foule dont la souffrance et la crédulité sont, hélas, manipulés ! 

  • Trois aspects de la personnalité de Simon :
  1. Il pratique la magie. Cela se concrétise notamment dans l’astrologie ; l’oniromancie (C’est l’art divinatoire qui utilise les rêves), la prédiction et même la guérison … sans savoir réellement qui « guérit » … là est le piège !
  2. Simon s’auto-proclame grand. Mais la foule va plus loin et lui reconnaît un fluide divin ; ce qui le classe parmi les êtres pourvus de pouvoirs surnaturels. Outre la mégalomanie de Simon, c’est le péché d’adulatiode la foule qui adore l’humain comme un dieu (cf. Ac 12, 21-23) : l’abîme appelle un autre abîme (Cf. Ps 41, 8) !
  3. Enfin, Simon fascine les gens de Samarie. Le verbe « stupéfier » est utilisé deux fois (v. 9b ; 11). Et l’attachement des gens à sa personne est indiqué à deux reprises : (v. 10a ; 11) ; et cet attachement englobe tout du peuple samaritain, « du petit au grand » (v. 10a).

3 – Cependant les Samaritains se « retournent » et leur conviction s’inverse en faveur de Philippe : « ils crurent Philippe qui annonçait la Bonne Nouvelle concernant le règne de Dieu et le nom de Jésus Christ » (Ac 8, 12).

 

En effet, l’objet de la foi est de croire en Dieu (Ac 16, 34 ; 27, 25) !

 

Or c’est maintenant Philippe qui semble être l’objet du croire.

 

Y aurait-il retournement d’un « mage » vers un autre « mage » ?

 

Non, car il est donné cette précision : certes « croire à Philippe », mais Philippe qui annonce ». Les Samaritains ont fait confiance à Philippe à cause de la parole qu’il annonce.

 

Le contenu de cette parole est spécifié dans une double formule : « la bonne nouvelle au sujet du Règne de Dieuet du nom de Jésus-Christ » :

  • Le Règne de Dieu représente, dans les Actes, la quintessence de la prédication de Jésus et de ses envoyés (Ac 1, 3 ; 14, 22 ; 19, 8 ; 20, 25 ; 28, 23-31) ;
  • Rappeler le nom de Jésus-Christ n’est pas seulement évoquer son souvenir, mais actualiser sa puissance et la représenter efficacement.

La prédication de Philippe se focalise donc sur le pouvoir de Dieu et son actualisation au travers du Christ et de ses témoins véritables, appelés et envoyés pour cette mission (Ac 6, 5). Paroles et signes représentent la mise en œuvre du Règne de Dieu et non pas la mise en œuvre du pouvoir soi-disant « divin » d’un homme !

 

Ce qui fait la différence entre Philippe et Simon n’est donc pas la supériorité des performances, mais c’est l’objet de la prédication de Philippe. Et c’est cela qui fonde l’autorité de Philippe.

 

4 – Simon aurait-il vécu un retournement ?

 

Au v. 13 nous lisons : « Simon lui-même devint croyant et, après avoir reçu le baptême, il ne quittait plus Philippe » 

 

Simon le mage accèderait -il lui aussi à la foi ? Il reçoit même le baptême et « ne quitte plus Philippe ».

 

Cependant, le motif de ce revirement n’est pas caché : la vue des signes et des actes puissants réalisés par Philippe stupéfie Simon.

 

La rechute de Simon mentionnée aux v. 18-19, permet de mettre en doute la sincérité du magicien et de son baptême : 

 

« Simon, voyant que l’Esprit était donné par l’imposition des mains des Apôtres, leur offrit de l’argent en disant : « Donnez-moi ce pouvoir, à moi aussi, pour que tous ceux à qui j’imposerai les mains reçoivent l’Esprit Saint. »

 

Mais alors, sa conversion aurait-elle été feinte ?

 

Le motif de son revirement est sa stupéfaction. La foi nouvelle de Simon est, en fait, associée à une performance sur le registre du merveilleux (aveuglement), face à laquelle le mage s’est senti infériorisé (orgueil blessé).

 

Le mage qui se faisait appeler « la Grande Puissance » (v. 10b) doit alors s’incliner devant les « grands actes de puissance » de Philippe (v. 13b).

 

St Luc ne dénigre pas la « foi » de Simon, mais en suggère la fissure. Et c’est le conflit avec Pierre qui va révéler cette faille (Pierre = l’Église, le Magistère – Mt 16, 13-23).

 

Lorsqu’il est dit que « Simon lui-même devint croyant » (v. 13) nous devrions nous poser la question : sur quoi reposait sa « foi » ?

 

Force est de constater qu’elle n’avait pas pour objet la Parole de Dieu, mais les miracles accomplis par Philippe !

 

Dans les veillées Raphaël comme dans les autres veillées « Consolation-Guérison », n’en restons pas aux signes … qui ne sont que des signes !

 

Personnellement, vous le savez, je ne suis que le petit âne qui porte Jésus. Je suis sous Jésus … C’est Jésus seul que vous devez regarder, considérer, adorer …

 

Jésus veut dire « Dieu Sauve » (cf. Lc 2, 11) et non seulement « Dieu guérit » !

 

La guérison que Dieu donne est un signe pour nous appeler à la conversion. Notre corps d’ici-bas passe ; notre âme est éternelle !

 

5 - D’autre part, je remarque que rien n’indique que Simon se soit repenti de ses péchés. Pas de demande de pardon ! Pas de démarche pénitentielle. Il reste sur la même lancée de vie …

 

Il est un fait qu’il ne croyait assurément pas de tout son cœur (v. 37[1]) … 

 

Sa foi était semblable à celle des habitants de Jérusalem qui ont assisté aux miracles du Christ (Jn 2, 23-25) ou même à celle des démons (Jc 2, 19).

 

Simon a suivi Philippe, non pas pour entendre la Parole, pour en apprendre davantage sur Jésus-Christ et se convertir, mais bien pour assister à du merveilleux, à des miracles et peut-être découvrir comment ils étaient accomplis. Simon reste, en quelque sorte, à l’extérieur de la Vie.

 

La perversion du cœur de Simon a été pleinement révélé par le ministère des deux Apôtres ; c’est-à-dire par l’Église !

 

Simon voulait non seulement opérer des miracles, mais il voulait aussi le pouvoir de transmettre le don du St Esprit et il était même prêt à payer pour obtenir cette puissance !

 

Les paroles de Pierre à Simon indiquent que le magicien n’était pas converti. « Que ton argent aille à la perdition avec toi » (v. 20).

 

Simon a pourtant entendu l’Évangile (v. 5), il a vu des miracles (v. 7), il a prononcé une profession de foi en Christ (v. 13a) – attention au texte de notre profession de foi ! - et il a été baptisé (v. 13b) – qu’est-ce véritablement le baptême ? – (lire le CEC), pourtant il n’est pas « né de nouveau » (cf. Jn 3 – Nicodème).

 

6 – St Luc note l’ambiguïté fondamentale du phénomène miraculeux et la nécessité de différencier la magie de l’Évangile.

 

Quelle est la spécificité du prédicateur chrétien : 

 

  • Alors que le mage s’auto-désigne (v. 9b), Philippe prêche le Christ (v. 5) ;
  • Simon personnalise le message et les Samaritains s’attachent à lui ;
  • Tandis que les Samaritains s’attachent aux paroles de Philippe (v. 6a).

Résultat : 

  • La mission de Philippe provoque la joie du salut (v. 8), 
  • Tandis que Simon fascine les Samaritains par son pouvoir (v. 9).
  • D’un côté Simon SE dit, 
  • De l’autre Philippe proclame le Règne et le nom d’un Autre, Jésus-Christ (v. 12a).
  • Alors que Philippe est un médiateur, 
  • Simon se pose comme son propre but en s’instituant lui-même.

Évidemment, toute ressemblance avec certaines personnes ou certaines veillées dites de « guérison » risque de ne pas être que pure coïncidence !

 

Faute d’avoir intégré le décentrement qu’implique l’acceptation de l’Évangile du Règne de Dieu, Simon fera une rechute dans son ancien fonctionnement (v. 18-19).

 

7 – Il y a un principe fondamental dans les Écritures : c’est que là où Dieu implante ses disciples fidèles, Satan finit par semer des contrefaçons (Mt 13, 24-30 etMt 13, 36-43).

 

C’était vrai du ministère de Jean-Baptiste (Mt 3, 7-12) ; Et de Jésus (Mt 23, 15-33et : Jn 8, 44). Et ce sera également vrai du ministère de Paul (Ac 13, 6s ; 2 Co 11, 1-4 ; 13-15).

 

L’Ennemi vient comme un lion pour dévorer sa proie (1 P 5, 8) et quand cette approche échoue, il devient semblable au serpent pour tromper.

 

Ici, l’instrument utilisé par le diable est un magicien appelé Simon car, ne l’oublions pas : « Nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes » (Eph 6, 12).

 

La magie de Simon était alimentée par le diable (2 Th 2, 1-12) et servait sa propre gloire, tandis que les miracles de Philippe étaient alimentés par Dieu et servaient à glorifier le Christ.

 

Cet épisode montre à quel point une personne peut s’approcher très près du salut, sans pour autant se convertir.

 

8 - Conclusion : Nous avons vu, par cet extrait du livre des Actes des Apôtres et sa brève analyse, comment Satan agit. Mais Jésus-Christ est déjà vainqueur … et en Lui, nous le sommes également !

 

Ne permettons pas au Malin de devenir le maître de notre cœur, de notre corps, de notre esprit, de notre intelligence, de notre « religiosité » naturelle … nous deviendrions à son image ; car Satan est malin et veut nous attirer au péché et à la perdition. Il fait du mal à notre vie spirituelle !

 

Tournons-nous, c’est-à-dire convertissons-nous, et mettons toute notre foi en Jésus, seul Sauveur ! Adorons Jésus pour que notre âme grandisse et atteigne une vraie foi … et notre corps en bénéficiera !                                             Amen !

 

[1]Note « v » Ac 8, 36-38 TOB.

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